Restaurer le Noncesse

Groupe "Territoires"

APCVEB: Groupe "Territoires"

Article | 12 septembre 2017, par Renaud LAURETTE

Des travaux vont prochainement démarrer dans le vallon du Noncesse afin d’améliorer la protection des constructions de Lasbordes contre les inondations liées aux crues de cette rivière. La nature des travaux, issue de plusieurs itérations techniques au cours des dernières années, repose sur un principe combinant élargissement du lit et retardateurs d’écoulement afin de limiter l’engorgement de la partie busée du Noncesse.

Les effets d’une future crue devraient ainsi se voir limités. Mais a-t-on pour autant traité les causes ?

La multiplication des constructions dans le bassin versant du Noncesse au cours des cinquante dernières années a eu plusieurs conséquences qui méritent d’être analysées :

  • ces constructions, la voirie, les parkings et les équipements associés ont réduit la surface perméable du bassin, tandis que la réduction des haies et des végétaux a supprimé des obstacles au ruissellement. Lors de fortes pluies, les eaux pénètrent moins dans le sol, et ruissellent donc jusqu’au point le plus bas : le lit de la rivière. Celui-ci gonfle alors de manière exagérée et déborde.
  • les ruisseaux et rivières traversant des zones à urbaniser ont été, à une certaine époque, vus davantage comme des inconvénients à dissimuler que des atouts à valoriser. C’est ainsi que le Noncesse a été canalisé à la traversée de la cité Noncesse, puis busé en aval sur plusieurs centaines de mètres. En cas de fortes pluies, le diamètre de la buse, conjugué à l’importance du ruissellement, ne suffit plus à évacuer le surplus d’eau : le lit et le canal débordent.
Le Noncesse au voisinage de l’espace Cézanne
Fut un temps où la présence d’un ruisseau en zone urbanisée était perçu comme une contrainte qu’il fallait limiter en le canalisant.
Le Noncesse en amont du confluent avec l’Hers
Sortant de la buse qui passe sous le Courtepaille et le village d’entreprises, le cours aval du Noncesse reste canalisé dans un lit de béton sur ses derniers mètres.

Prévenir les inondations de demain ne devrait donc pas se limiter à traiter la rivière en amont des zones habitées, mais devrait inclure une politique volontaire d’aménagement durable dans l’ensemble du bassin :

  • en limitant les surfaces imperméables sur les parcelles urbanisées : remplacement d’allées et de surfaces de stationnement goudronnées par des surfaces enherbées ;
  • en favorisant la construction sur deux ou plusieurs niveaux par opposition aux constructions de plain pied afin de réduire la surface de sol imperméabilisé pour une même surface habitable ;
  • en retardant les écoulements par la mise en place de noues, de haies et de végétaux divers
  • en restaurant la largeur du lit de la rivière là où il a été canalisé
  • en "débusant" complètement le lit au profit d’un lit aérien élargi
  • en aménageant des zones de crues plutôt qu’en les subissant

Outre la lutte contre les inondations, ce type d’aménagement aurait d’autres avantages et permettrait :

  • aux balmanais de se réapproprier des cheminements le long des berges
  • à la faune de disposer de couloirs écologiques dans lesquels circuler, ainsi que de zones humides devenues quasi absentes de nos villes
  • aux voisins de bénéficier aux jours les plus chauds de la fraicheur apportée par une végétation restaurée
  • au sol de se régénérer par un apport limoneux à l’occasion des crues, qui pourra favoriser des activités telles que le maraichage.
Le Noncesse en amont du boulodrome
Des berges naturelles arborées et un lit large limitent les risques d’inondation, offrent un milieu écologique de choix pour de nombreuses espèces et procurent des "ilots de fraicheur" à opposer aux "ilots de chaleur" des zones fortement urbanisées.

Des initiatives concrètes dans ce sens témoigneraient d’une vision à long terme d’un aménagement durable du bassin du Noncesse, au delà des mesures d’évitement à court terme qui trouveront rapidement leurs limites si rien d’autre n’est entrepris. Et au delà de la gestion du risque, elles amélioreraient la qualité de vie des riverains.

C’est pourquoi l’APCVEB demande aux élus de faire preuve d’une véritable ambition dans la restauration des cours d’eau de la commune.

Sujets associés

Environnement
Développement durable
Lasbordes