Avis sur le projet de PDU
APCVEB: Groupe "Territoires"
Article | 12 avril 2011, par
Le plan de déplacement urbain engage pour les 10 ans à venir la politique des déplacements de l’agglomération toulousaine. Dans le document proposé à la concertation par Tisseo, on peut lire la volonté d’accorder la priorité aux transports en commun et aux modes doux. Ce choix est accompagné par l’adoption quasi simultanée d’un Schéma de Cohérence Territoriale, qui adapte l’urbanisme à cette priorité en augmentant très nettement la densité dans les zones où les transports en commun sont déjà existants ou prévus à brève échéance. Cependant les difficultés à trouver un financement à la hauteur de l’enjeu, en raison de la dette liée à la construction de la ligne B du métro, ont conduit à revoir à la baisse les investissements initialement envisagés. Certains projets de métro ou de tramway se sont donc transformés en Bus à Haut Niveau de Service. Malgré les déclarations optimistes sur le maintien de l’ambition, il est difficile de croire que le service rendu est identique. Plus inquiétant cette stratégie ne permettra pas de baisser significativement les coûts d’exploitation du réseau de transport en commun qui sont bien trop élevés, de baisser sérieusement la consommation de CO2 liée aux déplacements (Tramway : 3g de CO2 par voyageur et par kilomètre, bus : 132g et voiture : 206g) et d’améliorer notablement la qualité de l’air. Si les investissements importants constituent un effort financier au départ, ils s’amortissent sur la longue durée et se révèlent à long terme, économiques et écologiques.
Les contraintes budgétaires sont effectivement compréhensibles dans cette période de difficultés économiques, on peut cependant regretter que les efforts entrepris ne permettent que de stabiliser la situation, en effet la baisse en pourcentage concernant l’usage de la voiture sera largement compensée par l’augmentation du nombre d’habitants et par celle de la longueur de chaque déplacement. La ville centre, grâce à sa densité, peut envisager l’avenir avec sérénité, tant du côté du vélo que de celui des transports en commun. Par contre le projet de PDU, proposé aux 118 communes de l’agglomération, ne peut enthousiasmer les zones périurbaines. L’offre de transport sera, malgré les efforts, largement sous-dimensionnée par rapport aux besoins, ce qui entrainera inévitablement une saturation des voiries aux heures de pointes et le cortège de nuisances qui va avec.
La frilosité en termes d’équipement n’est pas compensée par la volonté de valoriser les comportements vertueux. Pourquoi ne pas s’engager à faire des aires de stationnements pour le covoiturage, à réserver une voie pour le covoiturage et les bus sur la rocade, à généraliser les zones de rencontres et les zones 30, qui rendent les déplacements à pied bien plus agréables ? Pourquoi ne pas faire une politique énergique en faveur du vélo, comme beaucoup de métropoles européennes ? Relier les communes de la première couronne au centre ville par des "autoroutes cyclistes" fortement sécurisées, faciliter l’usage du vélo par un nouveau code de la rue, aider fortement les associations qui facilitent la pratique du vélo sont des mesures peu onéreuses, mais qui pourraient permettre au Grand Toulouse de réaliser son engagement d’atteindre d’ici 2020 une part modale pour les déplacements en vélo de 15%. Pourquoi ne pas s’engager plus avant dans la création d’un périphérique ferroviaire qui pourrait permettre de mieux articuler les déplacements urbains et interurbains ?
La ville doit remplir ses principales fonctions économiques, mais tout en respectant le plan climat, ce qui revient à maintenir une bonne qualité de l’air et à économiser l’énergie. Ce projet de PDU est trop timoré par rapport à l’importance des enjeux, il est indispensable de le "muscler" avant de l’adopter.
A noter
François SAINT PIERRE représente l’APCVEB au sein du "Collectif PDU", groupement d’associations militant activement pour l’amélioration du plan de déplacement urbain. Cet article a également été publié sur le blog du collectif.