Consultation sur le projet de coeur de ville

Coeur de Ville

APCVEB: Coeur de Ville

Article | 27 avril 2007, par Renaud LAURETTE

Le 18 avril 2007, une réunion publique s’est tenue à l’auditorium de la Mairie de Balma. A cette occasion, la municipalité a présenté les trois visions du coeur de ville, que les balmanais avaient pu découvrir quelques semaines auparavant sur une plaquette distribuée dans les boites aux lettres de la commune.

Voici sur le projet et sa présentation la réaction de l’APCVEB, dans le cadre de la consultation sur le Coeur de Ville. Ce texte a été déposé sur le registre d’enquête publique.

Sur le mode de consultation

Depuis l’enquête publique sur le Plan Local d’Urbanisme en 2005, l’APCVEB se félicite de constater les efforts de communication déployés par la Mairie pour informer les balmanais. Les trois visions proposées pouvaient être consultées en Mairie sur de grands panneaux, sur des plaquettes en quadrichromie et papier glacé, ainsi que sur le site internet de la municipalité. Ceci est bien.

Pour autant, information ne rime pas forcément avec concertation, et ce déploiement de moyens s’apparente davantage à une campagne publicitaire qu’à une réelle implication des balmanais dans l’élaboration du projet.

Ne soyons pas naïfs : ce n’est pas dans un amphithéatre, à plus de cent personnes, que peuvent se discuter en profondeur les options d’aménagement du centre ville. Mais la Mairie dispose d’autres relais : le Comité Consultatif de l’Urbanisme (CCU), le groupe Agenda 21 (Balma21), les associations. Parmi ces relais, les deux premiers - CCU et Balma21 - ont été mis en place par la municipalité elle-même pour collecter des avis sur les projets liés à l’avenir de la commune. Ces deux instances ont montré maintes fois leur motivation et leur capacité à dialoguer, notamment dans le cadre du projet de Gramont et dans celui du du Boulevard de Contournement Est. On pouvait donc s’attendre à ce que la municipalité les associe au projet du coeur de ville. Ce ne fut que très peu le cas.

Concernant le CCU, une présentation très préliminaire de quelques orientations eut bien lieu, et fut l’occasion de discussions et de propositions. Mais après cette unique réunion, aucun suivi n’eut lieu. Le CCU n’a pas eu connaissance du cahier des charges soumis au bureau d’étude, et n’a finalement découvert les trois visions qu’après la distribution de la plaquette aux balmanais, et quelques jours à peine avant la réunion publique.

Même déception concernant le groupe Agenda 21. Une seule réunion eut lieu sur le Coeur de ville, et il y fut question de quelques orientations d’aménagement. En revanche, les objectifs liés au développement durable et le projet dans ces trois visions n’ont fait l’objet d’aucune présentation ou débat. La encore, une réunion unique et aucun suivi.

Enfin, au cours de la réunion publique, en réponse à une question, M. le Maire indiqua qu’un cahier des charges sans variantes avait été soumis au bureau d’étude, le représentant du bureau indiquant même avoir été à l’initiative d’une des trois visions.

Ce n’est donc pas d’une véritable concertation qu’il s’agit, mais d’un débat tronqué autour d’un projet purement issu de la municipalité et sans vraie alternative. Pourtant, nous le détaillerons, d’autres options méritent analyse.

L’APCVEB manifeste sa profonde déception devant le peu de considération accordée aux groupes de travail CCU et Balma21 en particulier, et attend de la municipalité une véritable concertation avec balmanais, dans la continuité, au travers des associations et des groupes de travail.

Sur les trois visions proposées

Lors de la discussion avec l’Agenda 21, la nécessité de "donner envie" de fréquenter le centre ville avait été mis en avant. Or, les visions proposées nous semblent mal répondre à cet objectif. Donner envie de fréquenter le centre ville, c’est y créer de l’animation (au travers des commerces et des associations notamment) ; mais c’est aussi créer un lieu où les gens auront plaisir à se retrouver, si possible à pied (c’est plus convivial), et en famille. Il faut donc que ce lieu soit assez paisible (pour pouvoir y discuter sans avoir la voix couverte par le bruit des voitures) et sûr (pour ne pas être obsédés par la sécurité des enfants qui gambadent à deux pas de la route).

Ne perdons pas de vue que la place actuelle, face à l’église est déjà un lieu de passage piéton (entre l’église et la rue Pierre Coupeau d’un côté, et le marché de l’autre), déjà arboré, déjà équipé de bancs ... et que personne ne s’y attarde. Il suffit d’avoir assisté à une cérémonie au monument aux morts pour comprendre pourquoi : les paroles des officiels équipés de micros y sont couvertes par le bruit de la circulation.

Ce facteur, majeur à nos yeux pour l’attractivité du futur centre, n’est pas adressé par les trois visions proposées, qui ne diffèrent (pour la place) que par la pente de la place et le positionnement de la halle : le carrefour de l’église reste prédominant dans l’aménagement.

Quelques scénarios alternatifs

Scénario 4 - place protégée

Scénario 4 - Une alternative à l’ouverture de la place sur le carrefour serait un schéma de place protégée, où les constructions se trouveraient entre la route et la place elle-même. En ménageant des passages en rez-de chaussée (colonnades ?) au droit du débouché de l’ilot rivière et de la rue des mimosas, on dispose ainsi d’un espace public clos, mais accessible, sûr pour les piétons, calme. L’accès aux commerces se ferait par l’intérieur de la place, l’exterieur côté route étant dédié au stationnement. Enfin, un cheminement doux borderait le côté ouvert de la place, en surplomb de celle-ci, permettant d’offrir notamment une continuité cyclable entre la piste de la route de Mons et la contre-allée de la rue des Mimosas.

Scénario 5 - Place en continuité avec l’église

Scénario 5 - Une autre idée possible consisterait à détourner le trafic de la proximité de l’église pour lui faire contourner la place. Ceci limiterait assurément la vitesse et donnerait une visibilité nouvelle à l’église, notamment en arrivant de l’avenue de Toulouse. Le passage des véhicules derrière les commerces protègerait la place du bruit de circulation, comme dans le scénario 4, et l’ouverture vers le bas de Balma pourrait être modulée par la longueur des constructions le long de la route de Lasbordes. Comme dans le scénario 4, une ouverture piétonne est à prévoir au droit de la rue des Mimosas ou du l’actuel boulodrome. Dans ce schéma, le cheminement des cycles s’effectue le long de l’axe de contournement de la place.

Scénario 6 - Concernant l’ilôt Coupeau, des alternatives sont également possible. On voit ci-dessous un ensemble de collectifs (a) proposant un alignement sur le presbytère et la MJC dont les bâtiments seraient conservés. Le long de la rue Coupeau, l’alignement d’arbres est prolongé jusqu’au carrefour de la rue St Saens (e) qui est simplifié, tout en offrant plus de verdure.

Scénario 6 - Ilôt Coupeau

La bibliothèque est prolongée par une médiathèque incurvée(f) dont la forme permet le prolongement de la placette (g). L’espace (b) entre la médiathèque et les collectifs est un jardin public, tandis que l’espace (c) au centre des collectifs leur est privatif. L’ilôt Rivière (d) est aménagé en placette, ou en stationnement arboré, et propose une continuité avec la route de Mons en arrière de la boulangerie.

A propos de l’unité architecturale

Il a bien été précisé, au cours de la réunion publique, que les visions présentées adressent l’aspect urbain, et non l’aspect architectural (autrement dit, qu’il ne fallait pas prêter attention au style des bâtiments mais seulement à leur disposition). Et il est logique de traiter les sujets dans cet ordre.

Pour autant, certaines orientations sont à définir en amont. Faut-il prendre le parti du modernisme, à l’image de l’école marie Laurencin ou du centre social de la rue Coupeau ? ou faut-il offrir une continuité de style avec l’ancienne mairie, le presbytère, la MJC et même la maison Paumé, afin de souligner un cachet plus local ?

Ce sujet doit aussi être débattu, avant même de discuter du détail des architectures. En effet, selon la réponse à la question ci-dessus, certains agencements seront ou non possibles. En effet, la question peut se traduire par :
- faut-il peu de grands espaces publics, ou de plus nombreux espaces plus petits ?
- jusqu’à quelle hauteur peut-on construire pour rester cohérent du style mis en oeuvre ?

La réponse à ces questions conditionne la densité de la zone, sa vocation, son cadre de vie et son équilibre économique. Il doit être traité très tôt dans l’analyse.

En conclusion

Les propositions et analyses ci-dessous ne prétendent aucune exhaustivité. Elles visent seulement à illustrer que le débat, sous la forme où il a été engagé, est extrêmement réducteur. Il est impératif de l’élargir en y associant (et non seulement en informant) les balmanais qui en manifesteront l’intérêt, et au rang desquels on peut au moins compter le CCU, le groupe Agenda 21 et l’APCVEB.

Au delà de l’aspect purement urbanistique, il sera également nécessaire de situer ce projet dans une perspective de développement durable, en accord avec les engagements pris par la municipalité en créant l’Agenda 21 balmanais.

Prenons donc le temps de débattre et de mûrir ce projet : notre centre ville actuel n’est pas sinistré, et pour ce lieu qui façonne l’image (bonne ou mauvaise) de notre commune, toute précipitation est inutile.

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