Eoliennes : Le vent en poupe

Groupe "Territoires"

APCVEB: Groupe "Territoires"

Article | 16 août 2006, par (extrait de presse)

ENERGIE. Les projets de parcs éoliens vont se multiplier en France pour tenter de rattraper le retard face aux autres pays européens. Le Grand Sud veut mettre à profit son climat venté pour produire de l’électricité.

Article de Jean-Marie Decorse paru le 16/08/2006 dans la Dépêche du Midi.

Le vent souffle sur l’Europe et rien ne semble vouloir l’arrêter. La France est obligée d’avancer à marche forcée pour rattraper le retard accumulé dans le domaine des énergies renouvelables. Et c’est l’éolien qui semble susciter l’intérêt le plus manifeste. Les chiffres sont là : quand l’Allemagne produit 17 000 mégawatts (MW), la France compte sur une capacité de 1 000 MW seulement répartis sur une centaine de parcs. La France ne figure qu’à la 9e place européenne, largement représentée par le Languedoc-Roussillon qui génère à lui seul 20 % de la puissance nationale.

1. L’EXIGENCE EUROPÉENNE

Nous n’avons plus le choix. Pour respecter les accords de Kyoto et la directive européenne, nous devons développer des filières renouvelables pour porter leur production à 21 % de la consommation en 2010. Cela suppose d’augmenter la production hydroélectrique, la fourniture d’électricité à partir de biomasse, mais surtout de développer significativement l’éolien. Par un arrêté du 7 juillet, le ministre délégué à l’industrie a fixé ses priorités : installer 13 500 MW éoliens en 2010, et 17 000 en 2015. Pendant la même durée, le gouvernement ne prévoit l’installation que de 1 600 MW nucléaires.

2. LE VENT, RESSOURCE INÉPUISABLE

Une énergie sous-exploitée, disent les défenseurs de l’éolien, et inépuisable contrairement aux combustibles fossiles comme le pétrole, le charbon ou le gaz. Les aérogénérateurs modernes ont multiplié leur puissance par dix en 15 ans. Ils permettent une production décentralisée et sans pollution. Enfin, ils n’émettent pas d’effet de serre. Des arguments largement contestés avec ce paradoxe bien français : 92 % se disent favorables à l’énergie éolienne défendue à la fois pour son caractère écologique et économique.

Sur le terrain, c’est une tout autre histoire. La quasi-totalité des projets en cours se heurte au fort courant pétitionnaire des riverains qui ont déposé des recours devant le tribunal administratif.

3. RACHAT D’ÉLECTRICITÉ GARANTI À BON PRIX

La fourniture d’énergie par l’éolien se révèle une affaire rentable. Un arrêté paru le 26 juillet au Journal Officiel fixe pour une durée de 15 ans les tarifs auxquels EDF devra obligatoirement acheter l’électricité produite. Le kilowatt sera payé 8,2 centimes d’euro, soit trois fois plus cher que le nucléaire, ce que ne manquent pas de rappeler les détracteurs. Autrement dit, cette énergie reviendrait très cher et son coût serait essentiellement supporté par l’usager. Un argument d’autant plus fort qu’il intervient au moment des hausses de tarifs d’électricité. On comprend que les investisseurs se bousculent, opérateurs privés, mais aussi collectivités qui veulent tirer profit de ce nouveau marché. Un mât de 2,5MW dans une commune dont le taux de taxe professionnelle est de 10 % représente une recette annuelle de 17 500 euros.

4. FACE AU TOLLÉ, OLLIN PRÔNE LA CONCERTATION

La polémique suscitée par la réalisation de parcs éoliens oblige la ministre de l’Écologie à marcher sur des œufs. En annonçant dernièrement la mise en place de zones de développement de l’éolien (cinq d’entre elles ont été créées en Aveyron), elle a voulu marquer aussi son souci de faire davantage participer les collectivités avec une meilleure prise en compte des monuments historiques et des sites remarquables et protégés. On imagine aisément l’impact qu’aura sur le paysage le projet de Mounès, dans l’Aveyron (lire par ailleurs)

Les associations restent plus que jamais sur le qui-vive, surtout dans le Tarn, l’Aude et l’Aveyron. Leur première bataille se joue dans les prétoires.


L’Aveyron en tête des projets français

L’Aveyron s’apprête à vivre sa deuxième révolution énergétique. Au début du siècle dernier, en pays de Carladez et du Lévezou, l’exploitation de la ressource en eau, la houille blanche, remodelait le paysage du département. Nouvelle page d’histoire : après l’eau, le vent. L’Aveyron apparaît comme le premier département de France en terme de potentiel éolien. Il pourrait être équipé ces prochaines années de quelque 246 mâts de 500 mégawatts. Ce décompte intègre les 12 aérogénérateurs de Couffouleux plantées en 2002, les permis délivrés ou déposés ainsi que les projets à l’étude. Cent permis de construire ont déjà été délivrés et un parc de 29 éoliennes pour une puissance totale de 87MW est prévu à Salles-Curan. L’arrivée de ce parc géant est vécue comme un véritable bouleversement territorial. D’autant que l’Aveyron pourrait bien abriter le plus grand projet national piloté par la société Eoliennes de Mounès, dans laquelle sont à parité les deux groupes Total et Harpen. Total et Harpen ont été sélectionnés pour l’exploitation de 33 éoliennes générant 90MW.


Contre : "Energie inutile et onéreuse"

Elle n’a pas de mots assez durs pour qualifier la situation actuelle. Anne-Marie Citton, coprésidente de l’association Patrimoine, Environnement, territoire du Pays belmontais, dans l’Aveyron, part en guerre contre le projet de Mounès qui sera exploité par Total avec ses 33 pylônes.

Pour elle, c’est clair, l’énergie éolienne ne sera toujours qu’une vague énergie complémentaire capable de produire seulement trois mois par an à un prix prohibitif. « En fixant les tarifs imposé à EDF pour le rachat de l’électricité produite,le gouvernement fait un beau cadeau aux futurs exploitants. Pour les sociétés, la rentabilité annoncée est de 20 à 40 % par an après impôt. C’est énorme et c’est l’usager qui en fait les frais », souligne Anne-Marie Citton, qui rappelle à son tour les réserves expresses émises ces derniers jours par la Commission de régulation de l’énergie, organisme technique indépendant. D’une manière plus générale, les opposants reprochent à l’éolien de soulager nullement des gaz à effet de serre.

« On va saccager des paysages exceptionnels pour rien et ça ne produira aucun emploi. Sans parler du bruit », indique la représentante de l’association qui a déposé un recours en décembre 2005.


REPÈRES

UNE ÉOLIENNE

dernière génération dégage une puissance de 2 mégawatts (MW) permettant de couvrir les besoins domestiques en électricité de 2 000 personnes.

UN RÉACTEUR NUCLÉAIRE

produit environ 2000 mégawatts (MW) et couvre les besoins de 2 millions de personnes. La puissance d’un réacteur nucléaire équivaut à celle de 1000 éoliennes.

DANS LA RÉGION

Les 24 éoliennes installées à ce jour en Midi Pyrénées peuvent produire 25,3 MW.

EN FRANCE

Le développement des éoliennes a permis de franchir le cap de 1 000 MW au premier semestre 2006. Mais l’Hexagone se situe encore au 15e rang mondial (9e rang européen). Largement devancé par l’Allemagne (17 500 MW) et L’Espagne (9 2oo MW).

LE PROTOCOLE DE KYOTO

Signé en décembre 1997, il vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le monde d’ici 2010. L’Union européenne s’est fixée 8 % de réduction.

Pour cela elle devra produire 22,1 % de son électricité grâce aux énergies renouvelables. La France, devra en produire 21 % contre 15 % actuellement.


Les ambitions du Grand Sud

Aveyron :

 Zone du Carladez : 25 éoliennes
 Zone de Levezou : étude en cours pour 103 éoliennes, dont 29 à Salles-Curan.
 Zone du Bas-Ségala : 25.
 Zone de Saint-Affrique : 56.
 Monts de Lacaune : 96 à terme, dont 33 à Mounès.

Tarn :

 Barre (Monts de Lacaune) : 3 éoliennes.
 Le Margne : 5 à 8 éoliennes.
 Lamontelarié : 5 à 8 éoliennes.
 Murat-sur-Vèbre : 5 à 8.
 Cap Découverte : 5 .
 Dourgne : 7 éoliennes.
 Arfons : 11.
 Sainte-Amancet : 5.
 Saint-Amans Soult : 60.
 Roussayrolles-sur-Vaour : 3.
 Sauveterre : 6.

Ariège :

 Tourtrol : 15.

Aude :

 St-Martin-le-Viel : à Sayssac : 8
 Mouthoumet : 70
 Paziols : 14
 Flavin et Pont de Sales : 10.

Sujets associés

Développement durable