Gramont : quelle vision pour les nouvelles tranches de la ZAC ?

ZAC Balma Gramont

APCVEB: ZAC Balma Gramont

Article | 3 décembre 2018, par Renaud LAURETTE

Une version condensée de cet article a été insérée dans la Lettre 2019, distribuée courant Mars à l’ensemble des balmanais en amont de l’Assemblée Générale.

Le 15 octobre, la municipalité a présenté son nouveau projet pour l’aménagement des prochaines tranches de la ZAC Gramont. Il est constitué de deux quartiers d’habitation essentiellement pavillonnaires, séparés par un grand espace qui pourrait à terme devenir une zone d’activité tertiaire.

Le projet présenté par la Mairie en réunion publique avec ses deux quartiers pavillonnaires.

Quel regard porter sur ce projet ?

Ce projet vise clairement à rompre avec les options d’aménagement de Vidailhan, pour retrouver le modèle pavillonnaire adopté par Balma depuis les années 1960 à la faveur de terrains peu chers et d’une automobile en plein essor.

Hélas, ce modèle supporte mal les effets d’échelle. L’habitat individuel peu dense est très consommateur en réseaux : routes, conduites d’eau, câblage électrique, ligne téléphonique, fibre, réseau de gaz, … Il génère un fort besoin en déplacements, tandis que sa faible densité rend les transports en commun coûteux et peu efficaces. Ce modèle urbain, en se multipliant, induit une charge proportionnellement de plus en plus lourde pour la collectivité, dont les moyens, par ailleurs, baissent continûment au fil des réformes. Ainsi, on comprend mal comment la Mairie et Oppidea peuvent soutenir que la réalisation d’un lotissement pavillonnaire soit plus équilibrée financièrement que la création de logements collectifs. Interrogés à ce sujet lors de la réunion publique, l’une et l’autre ont été bien en peine de fournir le moindre argument au-delà du « faites nous confiance ».

Par ailleurs, l’absence de cohérence urbaine entre le projet proposé et le quartier de Vidailhan ne contribue aucunement à renforcer la centralité émergente dans ce secteur, et la dilue au contraire dans un habitat diffus. Cette approche se trouve en contradiction avec les recommandations du CODEV de Balma et avec la vision portée par Toulouse Métropole sur les centralités.

Plus grave encore pour l’avenir, à l’heure du réchauffement climatique, opter pour un modèle urbain qui favorise les déplacements individuels en voiture est proprement irresponsable, et sera en outre difficile à vivre sans redimensionner des voiries déjà saturées ni réaménager l’échangeur de la rocade.

Les lotissements sont également très consommateurs en terrains, initialement agricoles. C’est ainsi que, depuis 50 ans, on construit sur les terres les plus fertiles, près desquelles les villes avaient justement été bâties, privant les génération futures d’une ressource précieuse, et nous condamnant à faire venir nos aliments de toujours plus loin, amplifiant une nouvelle fois la demande en déplacements.

Cette approche pavillonnaire est, on le voit, un anachronisme complet. La municipalité préfère reproduire des modèles dépassés, en pensant rassurer une certaine frange de son électorat, plutôt que de préparer un avenir durable. Il faudrait au contraire développer un nouveau modèle urbain, moins consommateur de matières premières, d’argent et d’espace, qui conjugue davantage le bien vivre ensemble avec le bien vivre chez soi.

Qu’aurait il fallu proposer ?

Interrogeons-nous d’abord sur ce que nous recherchons dans le modèle pavillonnaire : l’espace, un certain contact avec la nature, la tranquillité, l’intimité, un périmètre sûr pour sa famille. Imaginons ensuite des formes urbaines pouvant répondre à ces aspirations légitimes, tout en permettant une gestion économe des ressources de la nature et de la collectivité.

Les exemples existent. Des métropoles du nord de l’Europe ont su proposer des maisons de ville ou des petits collectifs donnant sur des terrains partagés en petites copropriétés. Elles ont réduit la taille des terrains individuels au profit d’espaces verts publics plus vastes, gagnant en densité urbaine sans sacrifier le contact avec la nature. On préserve ainsi de larges espaces de biodiversité, tout en réduisant les îlots de chaleur.

Le maillage des villes en artères de différentes tailles, pour différents usages de mobilité, est aussi à repenser. Quelle évolution du maillage à Balma alors que la population a doublé dans les 30 dernières années ? Les modes de déplacement doux sont-ils intégrés dans les nouvelles formes urbaines pour fournir des alternatives efficaces au tout-voiture ?

Vidailhan est une centralité en devenir. Dans la concertation, tirons les leçons des tranches déjà construites. Affinons la personnalité de ce quartier pour en faire un morceau de ville, qui, par une densité suffisante, rende viable l’installation de commerces. Tissons des liens avec le reste de la commune en distribuant, dans ce quartier comme dans d’autres, des équipements de niveau communal ou métropolitain. Adaptons, là où il le faut, les formes urbaines dans la recherche d’un équilibre entre économie de moyens et qualité de vie. Et inventons la ville de demain avec des espaces partagés et un réseau de déplacements doux.

Le projet actuel n’est pas à la hauteur de cette ambition. C’est un projet nostalgique d’une époque qui n’existe plus, dont il s’entête à répéter les erreurs. Persévérer dans cette voie, c’est tourner le dos à l’avenir.

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